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  • : Campo Stellae (Le champ des Etoiles)
  • : Je suis Pèlerine et Citoyenne d'un monde que je parcours en tous sens depuis des années. Par mes récits, croquis ou aquarelles, fictions, photos, carnets de voyages, je laisse ici quelques traces des mondes réels ou imaginaires que je traverse...
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Vers Compostelle

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le Chemin de COMPOSTELLE,
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pour suivre mon cheminement,
par le "CAMINO FRANCES" 
jour après jour,
choisissez les étapes
dans la liste ci-dessous :

Le 1er jour :
Monfort/Habas
Le 2ème jour :
Habas/Sauveterre
Le 3ème jour :
Sauveterre/ Saint-Palais
Le 4ème jour :
Saint-Palais/Ostabat
Le 5ème jour :
Ostabat
Le 6ème jour :
Ostabat/Bussunarits
Le 7ème jour :
Bussunarits/St-J-Pied-de-Port
Le 8ème jour :
St-Jean-Pied-de-Port/Hunto
Le 9ème jour :
Hunto/Roncevaux
Le10ème :
Roncesvalles/Viscaret
Le 11ème jour :
Viscaret/Zubiri
Le 12ème jour :
Zubiri/Pamplona
Le 13ème jour :
Pamplona/Uterga
Le 14ème jour :
Uterga/Lorca
Le 15ème jour :
Lorca/Estella
Le 16ème jour :
Estella/Villamayor
Le 17ème jour :
Villamayor/Los Arcos
Le 18ème jour :
Los Arcos/Viana
Le 19ème jour :
Viana/Navarrete
Le 20ème jour :
Navarrete/Najera
Le 21ème jour :
Najera/Santo Domingo
Le 22ème jour :
Santo Domingo/Belorado
Le 23ème jour :
Belorado/S-Juan-de-Ortega
Le 24ème jour :
S-Juan-de-Ortega/Burgos
Le 25ème jour :
Burgos/Hornillos
Le 26ème jour :
Hornillos/Castrojeriz
Le 27ème jour :
Castrojeriz/Boadilla
Le 28ème jour :
Boadilla/Carrion
Le 29ème jour :
Carrion/Calzadilla de la C.
Le 30ème jour :
Calzadilla/Sahagun
Le 31ème jour :
Sahagun/Calzadilla de los H.
Le 32ème jour :
Calzadilla/Mansillas
Le 33ème jour :
Mansillas/Leon
Le 34ème jour :
Leon/Villar de Mazarife
Le 35ème jour :
Villar de M./Hospital de Orbigo
Le 36ème jour :
Hospital de Orbigo
Le 37ème jour :
Hospital de Orbigo/Astorga
Le 38ème jour :
Astorga/Rabanal
Le 39ème jour :
Rabanal/Riego de Ambros
Le 40ème jour :
Riego/Cacabellos
Le 41ème jour :
Cacabellos/Vega de Valcarce
Le 42ème jour :
Vega/Hospital da Condesa
Le 43ème jour :
Hospital da Condesa/Triacastela
Le 44ème jour :
Triacastela/Sarria
Le 45ème jour :
Sarria/Portomarin
Le 46ème jour :
Portomarin/Palas de Rei
Le 47ème jour :
Palas de Rei/Ribadiso de Baixa
Le 48ème jour :
Ribadiso de Baixa/Santa Irene
Le 49ème jour :
Santa Irene/Santiago
Le 49ème jour (suite) :
Santiago de Compostelle
Le 50ème jour :
SANTIAGO DE COMPOSTELLA
Le 51ème jour :
Santiago/Negrera
Le 52ème jour :
Negrera/Olveiroa
Le 53ème jour :
Olveiroa/Finisterra

 

Et vous ?? d'où venez-vous ??

 

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Archives

9 mars 2005 3 09 /03 /mars /2005 23:16

Juste un moment de sérénité...

 

 fjord-mussandam.jpg

8 h du matin, dans les fjords de la péninsule du Mussandam (OMAN)

 

Le jour se lève, le dhow glisse sur le miroir tranquille des eaux du Mussandam, les villages isolés au flanc des fjords de la péninsule, s'éveillent doucement...

 

 

lion-et-lionne-a-okonjima.jpg

6 h du matin, à Okonjima (NAMIBIE)

 

Le jour se lève, la rosée perle sur les hautes herbes frissonnantes de la savane namibienne, un couple de félins s'éveille doucement... on les dit "sauvages", mais eux ne le savent pas...

 

camino.jpg

7 h du matin, sur le chemin de St Jacques de Compostelle (ESPAGNE)

 

Le jour se lève, quelque part entre Carrion de los Condes et Calzadilla de la Cueza, le Printemps ibérique s'éveille doucement...

 

sumbe-angola.jpg

6 h du matin à Sumbe, littoral sud (ANGOLA)

 

Le jour se lève, la brume se dissipe au-dessus des flots atlantiques, le soleil caresse les falaises ocrées dont la couleur s'éveille doucement...

 

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6 mars 2005 7 06 /03 /mars /2005 15:54

Horizons

 

Ligne imaginaire circulaire dont l'observateur est le centre et où le ciel et la terre ou la mer semblent se joindre

Partie de la terre, de la mer ou du ciel que borne cette ligne

Champ de réflexion

Grand cercle de la sphère céleste formé en un lieu donné par l'intersection de cette sphère et du plan horizontal

 

mon horizon en France, "Le Pin de Galle" (Var)

 

mon horizon en ANGOLA (Luanda)

 

- Faire un tour d'horizon :  étudier tous les aspects d'une question...

- Ouvrir des horizons : créer de nouvelles perspectives, susciter un nouveau champ de réflexion...

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5 mars 2005 6 05 /03 /mars /2005 01:05

EPAVES

Sur la plage de Santiago, Luanda - ANGOLA

Ils gisent sur le sable...

 

comme de grands corps blessés,

 




ballotés par les flots,



pillés, rouillés, oubliés,



... de leurs tôles rouillées



sortent parfois des cris
d'oiseaux blessés...

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3 mars 2005 4 03 /03 /mars /2005 01:13

C’est l’éternelle question du verre à moitié vide ou du verre à moitié plein, deux regards contradictoires sur un même monde, deux visions opposées d’une même réalité, paradoxales dans leur gémellité…

 

Flambloyants et Cacimbo

 

 

Les Flamboyants

 

de MG à BD

Très chère BD,

Lors de mon dernier passage en France, je t'avais promis de longues lettres. Et j'avais aussi promis de faire l'effort de glisser, dans chacune d'elles, un peu de l'air du temps qu'il fait ici à Luanda,  si loin de vous mais si près du soleil. On imagine l'ailleurs toujours plus beau que l'endroit d'où l'on est… un peu comme sur ces cartes postales qui véhiculent des clichés d'exotisme, de  cocotiers, de longues plages de sable fin où une douce brise ferait flotter les cheveux sur des épaules nues et dorées, les pieds se jouant du clapotis des vagues qui viendraient mourir doucement sur la grève au coucher du soleil…

Toutes ces images bien sûr on peut les glaner ça et là à la sortie de Luanda entre Palmeirinhas et la pointe de Mussolo.

 

 

On y ajoute aussi selon l'humeur la majesté des grands baobabs qui jalonnent la route de Corimba entre océan et savane, leurs troncs énormes enchassés dans l'argile rouge et leurs bras immenses et dénudés tendus en un appel silencieux. Implorent-ils le ciel où les dieux se cachent, honteux de la misère qu'ils laissent corrompre les coeurs et les corps de leur pauvre peuple ?

Si l'on poursuit sa route vers le Sud, on apercevra, tache blanche contrastant sur un fond de pur ciel bleu, la maison des esclaves, fichée sur son piton rocheux, bravant les vents et les embruns, avec fierté, immuable vestige d'un temps où l'or noir se négociait à la blancheur des dents et à la couleur de la peau.

Lorsqu'on quitte Luanda, il suffit de quelques dizaines de kilomètres pour retrouver l'air pur, l'espace, les grands horizons atlantiques ou sylvestres...et les couleurs !... Ah, les couleurs de l'Afrique !...

Non non, l'Afrique n'est pas noire, c'est le plus coloré des continents. Ici la terre est rouge, le ciel est tantôt rose ou mordoré, tantôt bleu topaze ou pourpre, le tronc des arbres est d'argent et luit sous le soleil ou la pluie comme une carapace métallique, la forêt scintille de toutes les goutelettes capturées par des feuilles émeraude, bleu cyan ou vert céladon, les acacias sont flamboyants, les chiens sont jaunes et les robes des femmes kaléidoscopes de tons chatoyants, les lèvres et les langues sont pêches ou fruits rouges et les dents perles blanches, et si les yeux sont noirs c'est pour regarder la vie sans détour.

Je t'avais promis des images et des senteurs, alors poursuivons notre route au Sud vers l'embouchure du fleuve Kuanza. La ville est loin, la savane toute proche, l'air humide sent l'iode mais il y flotte aussi des parfums plus sauvages. Le fleuve se perd en méandres tentaculaires, jusqu'à plonger dans l'océan, les charognes y restent prisonnières et s'y décomposent lentement. L'air est lourd de vie et de mort.

Sur la plage de Cabo Ledo, trois pêcheurs s'activent à rentrer leurs filets. Perchées sur la proue de leurs barques, quelques aigrettes blanches attendent, stoïques, que les pêcheurs libèrent les poissons restés prisonniers de leurs mailles. Aux senteurs iodées s'ajoutent celles d'un feu de bois que les pêcheurs ont allumés près de leurs cases. Le soir tombe, il faut rentrer.

Je t'emmènerai encore pour d'autres découvertes pleines d'images, de couleurs et d'odeurs.

J'espère que cette promenade angolaise t'aura quelque peu " oxygéné " l'esprit, j'ai pris moi aussi plaisir à la ballade en ta compagnie, elle m'a rappelé celles que nous faisions ensemble, il n'y a pas si longtemps, dans la forêt landaise.

Toutes mes pensées vont vers vous, ne m'oubliez pas.

Je t'embrasse affectueusement

MG



Cacimbo

 

 

De MG à BD

Très chère BD,

Je n'oublie pas la promesse que je t'avais faite lors de mon dernier passage en France : de longues lettres comme un journal de bord tenu au fil des jours et qui te permettrait de partager mes découvertes.

Mais je ne sais quelle lassitude m'a saisie depuis quelques semaines. Comme si le souffle me manquait, comme si le coeur n'y était plus. L'Afrique me ment. Ou bien elle a changée sans que je m'en aperçoive. Je disais il y a peu de temps que lorsqu'on a vécu en Afrique, on ne peut en rester longtemps éloigné sans en ressentir le manque. Aussi, après dix ans d'absence, je me réjouissais d'être amenée à y vivre encore quelques années. Bien sûr l'Angola était une nouveauté, mais après le Gabon, le Togo, le Bénin et le Nigéria, j'imaginais trouver une Afrique autre mais toujours même : la vie grouillante, mais la vie, la pauvreté, mais aussi la solidarité, une certaine indolence, mais encore, la sagesse. au lieu de quoi je ne vois ici, dans ce pays ivre de vingt ans de guerre, que la crasse la plus profonde y compris dans les coeurs.

Qui te dira le poids de l'univers carcéral dans lequel je vis.  Deux bâtiments face à face, véritables bunkers gardés nuit et jour par des sentinelles armées de mitraillettes où j'occupe au 8ème étage, un appartement sous surveillance vidéo. Si l'on veut sortir de Luanda, il faut être en convoi de plus de trois voitures sous escorte armée. Cette recommandation est également valable pour les déplacements de nuit lorsque tu es invité chez des amis. Au début cela peut paraître excitant, mais devient vite pesant.

Ces précautions surprenantes sont pourtant nécessaires. La pauvreté est telle ici que toute apparence de richesse devient compromettante.

Paradoxe d'un pays riche des revenus du Pétrole et dont le peuple meurt de faim, oublié par des gouvernants surtout préoccupés de leur enrichissement personnel.

La ville de Luanda ressemble à un grand dépôtoir, les poètes l'ont dit  « innocemment cruelle », moi je la vois surtout cruelle.

Cruelle pour toute une génération sacrifiée qui a vécu les vingts dernières années sans aucune éducation, aucune culture, aucune structure, sans aucun avenir.

Cruelle pour ces femmes que je vois chaque jour, un enfant sur chaque hanche, un autre dans le dos, le ventre gros d'une nouvelle grossesse, vendant dans les fumées de pots d'échappement, quelques fruits ou légumes pour améliorer le quotidien.

Cruelle pour ces hommes qui n'ont connu que la guerre et dont la violence est le quotidien, à la recherche d'une dignité que seul le travail pourrait leur donner mais qu'ils sont incapables d'assumer.

Cruelle pour ces enfants de la guerre qui ont perdu un bras, une jambe, ou les deux. A quoi rêve cet adolescent, visage tourné vers le ciel,  yeux aveugles qui mendie quelques kuanzas ?

Ah douleur de l'Afrique pillée, écartelée, exsangue !. Douleur de tout un peuple à la recherche de son identité.

Je ne sais si pour l'Angola viendra le jour d'une aube nouvelle et prometteuse, pour l'heure je ne vois que désordre, vols, crimes et pourriture.

La saison des fruits viendra sans doute après l'hiver, comme Cacimbo chasse la saison des pluies, je sais voir aussi le coin de ciel bleu parmi tous ces nuages, je sais voir les visages avenants, et entendre les voix qui prédisent des lendemains meilleurs. L'Afrique est parfois belle, mais sa beauté ne peut faire oublier la souffrance des peuples qui y vivent.

Nos promenades dans la forêt landaise me manquent énormément, la chaleur de l'amitié me manque aussi. Je pense à vous souvent, mes amis restés en France, vous me manquez comme me manque cruellement un peu d'ordre et de beauté..

 Ne m'oubliez pas,

Je t'embrasse affectueusement,  

 

MG

alias

 

Martine

Pèlerine et Citoyenne du Monde

 

 

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2 mars 2005 3 02 /03 /mars /2005 15:59

 

 

Luanda, 24 Octobre 2003, 7 h 30
 
Regards sur la ville,
 
Du haut des huit étages d’Impala je peux apercevoir la mer… Mon horizon s’étend, à gauche, de la pointe Sud d’Ilha, au nord-ouest de la ville, jusqu’aux Bairros de Nelito Soares, Marçal et Operàrio, à l’extrême Est… vers le Port.

 

Quartier résidentiel de Maianga - Luanda, Angola

 

 
L’air encore frais du petit matin s’est chargé d’effluves iodées et, déjà, me parviennent d’autres odeurs plus folkloriques en provenance des « musséqués ». C’est d’abord par les odeurs que l’on prend contact avec l’Afrique.
 
A ma droite, surplombant les quartiers populaires, les collines de Boavista et leur quota de résidences huppées abritent une majorité de diplomates ou gens d’affaires très fortunés… Imposantes maisons coloniales aux murs blancs ou vivement colorés et petits jardins clos de hauts murs croulant sous une avalanche de jasmin carmin ou d’odorants chèvres-feuilles lusithaniens… restent les rares vestiges d’une présence portugaise de plus de cinq siècles.
 
Mon regard flotte sur la ville qui peu à peu s’agite et revient vers l’avenue centrale d’où monte crescendo comme un bourdonnement, un brouhaha d’abord diffus puis de plus en plus envahissant.
 
Au pied du large escalier blanc qui débouche sur Avenida Marian Nguabi s’installent déjà les petits commerces de survie. Sur un escabeau branlant s’offrent à la convoitise du passant : lunettes de luxe, tapis, ventilateurs ou plantes exotiques…. De la denrée introuvable à l’objet passe-partout le négoce de la rue est souvent moins aléatoire que le commerce officiel.
 
A présent, du quartier de Mayanga au Largo Amilcar Cabral un flot continu de véhicules bruyants descend vers la Marginale. Il est bientôt 8 heures.
 
Je quitte le balcon jusqu’où monte une poussière rouge et dense qui s’infiltre partout. Sur la table de la cuisine, au passage, j’attrape mon bol de café qui refroidit, traverse l’appartement et pose le pied sur le carrelage encore frais du balcon sud donnant sur les quartiers d’Alvalade.
 
Mes fenêtres donnent sur une petite école angolaise dont la cour est encore vide. Seul un enfant désoeuvré, assis à même le sol au pied d’un grand Albizia, joue avec quelques cailloux et une radicelle…. Il est bientôt rejoint par un trio espiègle et bavard. Sous mes yeux la cour se remplit peu à peu et l’air vibre de cris d’enfants excités, vindicatifs ou joyeux…. jusqu’à l’arrivée du maître vêtu avec beaucoup de sobriété d’un pantalon sans doute noir sous la poussière et d’une chemise blanche. Le silence se fait aussitôt, les enfants pénètrent dans la salle en rangs parfaits, la cour se vide.
 
Sur le trottoir, en face, une femme en boubou flamboyant porte un enfant sur sa hanche, le maintient de sa main gauche, tandis que de la droite elle assure l’équilibre d’une énorme bassine de plastique rouge pleine de légumes et de fruits, elle évite de justesse l’homme, couché sur un carton, à moitié dévêtu, qui dort sans égard pour tout ce qui s’agite autour de lui… Hier soir, je l’ai aperçu, saoûl comme un polonais, déambuler dans la rue, les vêtements pleins de graisse, hirsute, incohérent, le regard fou…. Je l’ai entendu hurler aux étoiles et insulter ses dieux…
 
Le ciel s’obscurcit de façon inattendue. Cacimbo, la saison sèche, est déjà loin. Le vent charrie de gros nuages lourds, poivre noir sur un ciel aubergine, les premières grosses gouttes tombent comme pour rythmer les 8 coups qui proviennent de la Sagrada Familia.
 
Il est 8 heures, j’ai bu mon café mais avant de refermer ma fenêtre je goûte ce moment de silence exquis qui précède toujours les orages.
 
 
Martine Réau-Gensollen
 
 
 
Mots imposés :
 
Folklorique
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Quota
Majorité
Avalanche
Escabeau
Passe-partout
Radicelle
Bavard
Sobriété
Hanche
Polonais
Graisse
Hurler
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Exquis
 
 
L’Atelier d’Ecriture, proposition 139 Octobre 2003
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1 mars 2005 2 01 /03 /mars /2005 15:53

" PLUIE TROPICALE"

(Luanda, Mars 2005)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La voiture traverse le Bairro Popular en cahotant... la pluie tombe, d'abord en fines gouttelettes qui font écran sur le pare-brise, puis, après quelques minutes, de grosses et lourdes gouttes noient l'espace et rendent moins praticable encore la chaussée déjà criblée de trous d'obus. Ils se remplissent rapidement et deviennent de véritables pièges dont il est difficile d'estimer la profondeur... Comme si elle avait attendu la pluie pour s'affairer dehors, la foule se presse et s'agite de part et d'autre de la ruelle, il faut alors manoeuvrer serré pour éviter les trous et les piétons inconscients...

 

 

Présence insolite au milieu du passage, un haut monticule de latérite rouge barre la route : à son sommet, un chien jaune assis, impassible, domine la situation et malgré la pluie qui coule sur son pelage, sage et stoïque, il porte un regard désabusé sur cette agitation humaine. Au prix d'une manoeuvre acrobatique et périlleuse, la voiture contourne l'obstacle et continue sur sa lancée. Le chien n'a pas bougé...

 

 

Au milieu des gerbes d'eau soulevées par le véhicule, surgit une adolescente. Ses vêtements trempés sont plaqués sur son corps mince et luisant, la pluie ne semble pas la gêner... Sur son visage ébène un éclatant et merveillleux sourire : elle s'amuse de la situation, court pieds nus entre les voitures, caracole comme un cheval sauvage à qui l'on aurait soudain rendu la liberté, elle lève ses bras graciles vers le ciel, laisse couler l'eau sur son corps, tourne et virevolte, ses hanches battent la cadence d'une musique exotique imaginaire, son regard dit toute la jouissance qu'elle éprouve, d'être là, sous la pluie, libre et heureuse ...

 

 

La voiture a ralenti son allure, elle doit maintenant rouler au pas... sur une centaine de mètres la rue n'est plus qu'un cours d'eaux boueuses où flottent quelques détritus informes. Au bord de cet océan, deux hommes négocient un marché, l'un porte un costume trois pièces, chaussures de cuir, attaché-case, l'autre ne porte qu'un short long, torse et jambes nus, il se baisse et prend le premier sur son dos, à califourchon, passe ses bras musclés sous les genoux de l'élégant, traverse, eau à mi-jambes, et dans un grand éclat de rire décharge son fardeau au sec, moyennant quelques kwenzas...

 

 

Bien que les vitres fermées de la voiture atténuent les bruits de la rue,  les rythmes afro-lusithaniens pénètrent jusqu'au fond des entrailles, les musiques, différentes, s'enchaînent par vagues successives, au gré de la progression du véhicule jusqu'à ne faire qu'une seule et même musique, un seul tempo, comme les battements sourds du coeur de l'Afrique.

 

 

Pour protéger sa coiffure de la pluie, une femme très âgée, visage buriné, yeux délavés, madonne aux cheveux blancs crépus serrés dans un sac plastique publicitaire, a noué superbement son foulard improvisé. La marque "JUMBO " en grosses lettres rouges, adroitement disposée, forme comme une énorme fleur au-dessus de l'oreille, d'où pend lascive et incongrue une longue boucle d'or. Le buste droit, le regard altier, elle attend, assise sous un auvent de fortune, que la pluie cesse, que le taxi-brousse arrive, ou que le temps s'écoule...

 

 

Après les ruelles animées du quartier commerçant, la voiture pénètre maintenant dans la zone d'habitation du Mousséqué, où les cases, plus espacées, ménagent quelques aires de jeu ou de rencontre parfois flanquées d'un immense baobab dont la vocation d'arbre à palabres paraît évidente. Ici, la terre absorbe encore les flots célestes et les restitue en nappes de vapeur chaude qui flottent à quelques centimètres du sol. Une femme dispose sa lessive sur une corde tendue : ainsi le linge, rincé à l'eau de pluie, sera plus doux .

 

 

Au loin, on distingue déjà les lumières de la ville, on s'en approche en rejoignant par le Largo  1er  Maio les boulevards bitumés. La pluie tombe toujours, moins drue... Les essuie-glaces battent la mesure comme un métronome bien réglé, et chaque va-et-vient des balais de caoutchouc tente d'effacer le souvenir si proche de ces instantanés fragiles, visages capturés, instants de vie volés, à travers une vitre mouillée ! .

 

 

 

 

 

 

Martine,

Pèlerine et Citoyenne du Monde 

Luanda, à l'autre bout du monde

 

 

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1 mars 2005 2 01 /03 /mars /2005 00:02
Le Chemin des Etoiles

 
Je me souviens, dit le noisetier sauvage au fond du jardin, c'est dans ma ramure fournie qu'elle a choisi son « bourdon ». C'est dans mon bois encore vert qu'elle a choisit sans hâte, puis taillé, une branche solide, au calibre parfait. Elle l'a coupée à la hauteur de son épaule, l'a éprouvée de tout son poids et, satisfaite du résultat, y a tracé une large veine sur toute sa longueur, en a évidé l'écorce, y gravant comme une guirlande jusqu'au poignet. Pendant quelques semaines, elle a laissé sécher le bois, puis, une fois sec l'a surmonté d'une boule de buis, symbole de pureté et y a enchassé une coquille d'argent.
 
Je me souviens dit le vent, le jour de son départ de Chalosse, j'ai caressé son visage à la manière d'un au revoir et j'ai bien vu ses yeux briller. 
Je me souviens dit la pluie, de Montfort à Habas, je l'ai accompagnée tout au long du premier jour. Je me suis faite discrète mais insistante, pénétrant ses vêtements, parsemant son chemin de grosses flaques et ruisselant sur son chapeau de cuir, une façon directe d'éprouver sa résistance.
 
Je me souviens dit le pont sur le gave, elle n'en était qu'au début de son voyage, elle m'a franchit d'un pas alerte, en chantant à tue-tête. Elle a suivi le chemin champêtre qui sillonne à travers prés et forêts, jusqu'aux Pyrénées enneigées.
 
Je me souviens dit la Vierge d'Orisson, ce jour-là le froid mordait, la neige, tombée des derniers jours, rendait le chemin glissant et le brouillard, en nappes épaisses, s'échinait à masquer la route, occultant dangereusement les flancs abrupts du Col de Lepoeder. Elle a posé son sac à mes pieds, s'est avancée sur le surplomb et écartant les bras comme pour embrasser, en contrebas, la vallée toute entière, elle a fait jaillir du plus profond de sa poitrine un grand cri dont je ne saurais dire aujourd'hui s'il était de peur, de rage ou de jubilation.
 
Je m'en souviens dit l'écho, je l'ai fait ricocher de pics en aiguilles, jusqu'aux confins hispaniques de la Collégiale, à Roncevaux.

Je me souviens dit le pottock, c'était à l'aube. elle allait franchir le gué à la sortie de Viscaret, sur la route de Larrasoana, lorsqu'elle a vu la horde. Elle s'est avancée vers nous, doucement, simplement. Elle s'est assise dans l'herbe encore humide de rosée et nous a parlé avec ses yeux, longuement. Je me suis avancé vers elle, jusqu'à sa main tendue, pour y sentir les odeurs qui voyageaient avec elle.
 
Je me souviens dit l'éolienne, j'ai suivi son cheminement dans les lacets de la Sierra del Pardon, accompagnant sa montée laborieuse, la rythmant de «flap-flap» encourageants. Lorsqu'elle est parvenue au sommet, son poul battait tout aussi fort que vrombissaient mes pales, nos coeurs ont vibré à l'unisson.
 
Je me souviens qu'entre Maneru et Cirauqui, elle a foulé mes vénérables pierres avec beaucoup de respect rencherrit la voie romaine, elles ont porté au cours des siècles, le fardeau de tant et tant de pèlerins admirables, marcheurs d'absolu ou nomades de l'âme.
 
Je me souviens dit l'hirondelle nichant sous les voûtes du Monastère de San Juan de Ortega, elle est arrivée, courant sous la grêle et glissant dans la boue, le ciel était sombre comme devaient l'être les loups qui hantaient autrefois los Montes de Oca . Elle s'est réfugiée dans l'église glaciale attendant la fin de l'averse. J'ai comblé son attente par un concert de trilles dont je suis virtuose. En mélomane reconnaissante elle m'a saluée, près de la fontaine, le lendemain matin.
 
C'est entre Carrion de los Condes et Sahagun qu'elle m'a rencontrée dit le silence de la Meseta, je me souviens que sous un soleil de plomb elle comptait ses pas, ses réserves d'eau dataient déjà de quelques heures. Cette route n'en finissait pas… Après quelques moments de désespérance, méthodiquement, elle refaisait ses comptes : "si chaque pas fait tant, 1000 pas font tant… je compte jusqu'à 6000, et… " c'est sans doute là qu'elle a compris qu'en matière de comptes, le chemin additionne : fragilité, solitude et vulnérabilité.
 
Je me souviens, dit le chien solitaire de Foncebadon, je ne suis que le gardien misérable d'un village abandonné où persistent à survivre quelques poules stupides et trois vaches mises au pré. Lorsqu'elle a pénétré sur mon territoire, elle n'a pas semblé plus effrayée que ça par mes aboiements furieux. Mais mes protestations véhémentes n'étaient peut-être que de dépit, eu égard à son bâton dont elle martelait la chaussée.
 
Je me souviens qu'elle m'a ramassé devant sa porte et gardé tout au fond de sa poche, dit le caillou, jusqu'à ce qu'elle me dépose, comme le veut la tradition, au pied de la Cruz de Ferro, où j'ai rejoint d'autres cailloux, déposés eux aussi, comme symboles des attachements superflus, des fautes passées ou des biens matériels inutiles.
 
Moi, dit l'imposant châtaignier de Riego de Ambros, elle s'est assise à l'ombre de mes branches pour quelques minutes de repos. Elle a semblé impressionnée par ma stature, a tenté de m'enlacer pour mesurer ma taille mais a dû s'y reprendre à six fois pour faire le tour de mon énorme tronc. Cela m'a valu un regard admiratif dont je me souviens encore !
 
Et moi dit la brebis je m'étais égarée, j'avais perdu et le berger et le troupeau. Elle est apparue soudain devant moi au détours du chemin et m'a d'abord effrayée. Le son de sa voix m'a apaisée. Je me souviens que, sans me brusquer, prenant un peu à droite, puis bifurquant à gauche, elle m'a finalement ramenée vers mes soeurs. J'ai été encore plus surprise quand je l'ai entendue chanter la « jota » avec Pascual, le Berger, l'un lançant un refrain, l'autre répondant de plus belle, ils semblaient ne plus vouloir se quitter.. Finalement, elle est repartie vers Triacastela, mais ils ont continué leur joute musicale aussi longtemps que le vent a bien voulu porter leurs voix et les faire se répondre. « Hay que vuelta caminar … por aquel camino verde »…

Je me souviens, dit le "Botafumeiro", lorsqu'elle a débouché sur la place, face à Santiago de Compostelle, elle a appuyé son front sur les colonnes de pierres roses de l'Ayuntamiento, pour ne pas montrer qu'elle pleurait.
 
Puis elle a poursuivi son chemin, jusqu'au bout de la terre, Finisterra, Fisterra: là où finit la terre et où le pauvre humain découvre enfin, qu'il n’est fait que pour passer.
 
Martine 
Pèlerine du Monde
 
Luanda (Angola) à "l'autre bout de la terre" !
 
et si vous voulez en savoir plus sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle, cliquez ici : 
 

 

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