L'orchidée du Bagne
Les murs du bagne de Saint-Laurent du Maroni...
... transpirent la crasse, l'angoisse, la peur, et le désespoir des milliers de bagnards qui y ont séjourné et y sont morts...
... pourtant, sur l'un des murs de l'enceinte j'ai vu cette orchidée s'épanouir,
adulée par Confucius qui en faisait le symbole de la perfection il y a 2500 ans , vénérée par les Aztèques qui lui attribuaient le pouvoir de fécondité, et introduite en Europe au XVIIème siècle, l'Orchidée, dans le langage des fleurs, est aujourd'hui le symbole de la spiritualité :
comme le symbole de l'esprit qu'on ne peut retenir, même si le corps est enfermé...
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"La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur la terre."
Albert Camus
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Ce "tableau poétique", envoyé par une amie qui, comme moi, a bien connu la Guyane... mérite je pense d'être "accroché aux murs de ce blog...
A l’embouchure du fleuve, la plage est chocolat
Epaisse des histoires que racontent les arbres
Les racines mouillées , les carrières de marbre
Et les peaux des iguanes fondus dans ce magma.
L’eau n’y est jamais bleue, elle est chargée de terre
Pendant des kilomètres on ne voit de la mer
Que ses noces confuses avec les alluvions
Pas de vague pour en rider l’épais bouillon
Il n’y a pas ce sable blanc ou l’on s’endort
Contre la peau de l’autre, il n’y a même pas
De rayon de soleil pour allumer les ports.
Le ciel est habillé d’un brumeux taffetas
Mais quand on s’en éloigne pour franchir la distance
Qui sépare des Iles où autrefois la France
Envoyait supplicier de barbare manière
Les gueux, les assassins, dans un vert cimetière
Au nom prédestiné des Iles du Salut...
Le bateau à fond plat d’un coup passe au- dessus
D’une ligne très nette. Séparation des eaux.
La mer alors devient saphir et bleu corbeau
Elle s’anime enfin, elle devient vivante
Et se cogne aux rochers des Iles accueillantes
De fleurs et de fruits murs mais ou flottent encore
Les cris désespérés des condamnés à mort......
On entend les oiseaux de couleurs pétillants
Et qui défient les cages où les hommes mourants
Harcelés par la pluie, engourdis par la faim
Rêvaient de terminer leur vie dans un requin..
Viviane Lamarlère