Le Massif de la Colle Noire
et les sentiers de la Mine de Cap Garonne (Commune du Pradet - Var)
C’était un endroit merveilleux, riche de ce qui fait l’identité d’une région, planté d’essences endémiques où se cotoyaient les Pins d’Alep, les Pins Parasols, les Arbousiers, les Chênes Lièges, les Chênes verts, et même la Myrte, le Thym et le Romarin de nos garrigues… C’était un endroit plein du bruissement des feuilles, du bourdonnements des abeilles, du chant de la fauvette et de celui lancinant des cigales…
On y voyait d’arbre en arbre voler l’écureuil malicieux, on y sentait l’ombre fraîche sous sa voûte végétale lorsqu’on s’aventurait dans ses sentiers tranquilles…
C’était un endroit si beau que la vie semblait belle lorsqu’on en revenait. J’y amenais souvent mes ami(e)s, je leur offrais cette vue sur la mer comme si je l’avais peinte moi-même et je leur montrais là-bas, vers la terre, de l’autre côté de l’anse où se côtoient les plages de "Monaco", "les Bonnettes", "la Garonne" et "les Oursinières", cette petite crique du « Pin de Galle » au-dessus de laquelle se trouve ma maison.
Nous y étions venu(e)s justement, à la fin du mois de Juin...
C’était… c’était avant…, avant que quelques fous pyromanes et irresponsables n’y mettent le feu…
la forêt carbonisée, au fond, la calanque du Pin de Galle
J’y suis retournée cette fin de semaine, me suis arrêtée de l’autre côté de la colline d’où la vue embrassait le site tout entier… et des larmes sont remontées du plus profond de ma colère.
Le feu a tout détruit, les arbres comme des gisants carbonisés tordent leurs branches nues et noires vers le ciel toujours bleu, la voûte végétale est dévastée, plus aucun bruit, ni chants d’oiseaux, ni bourdonnements, ni crissements de cigales… le silence de la mort…
Je me suis approchée, plus près encore, j’ai pénêtré où la dernière fois nos rires se mêlaient à notre émerveillement et j’ai senti cette âcre odeur de bois brûlé… et j’ai été saisie par ce silence qui n’était plus recueillement, mais constat d’absence totale de vie…
J’ai erré entre les arbres, enfin, ce qu’il en restait… et puis j’ai vu quelques traces d’espoir, espoir de ce que redeviendra peut-être ce paradis qui nous enchantait…
Peut-être… dans trente ans !
photos martine réau-gensollen (tous droits réservés)