IL
marchait depuis deux ans, le long des routes de France et d'Ailleurs...
... me rendant à Bayonne, je l'avais croisé sur une longue portion d'Autoroute entre l'Espagne et les Landes. Puis quelques heures plus tard, revenant dans l'autre sens... je l'avais repéré, de loin, la démarche un peu lourde de trop de kilomètres parcourus à pied depuis la frontière... Il ne levait même plus le pouce, avait sans doute renoncé à voir s'arrêter une voiture. Je pris un chemin de traverse pour quitter l'autoroute et m'arrêtais à quelques mètres de lui...
Je fus surprise par son regard surpris. Je m'étais attendue à un vieillard a qui sa vieille veste de cuir trop longue donnait une démarche traînante... et j'avais devant moi un jeune homme au regard rêveur mais fatigué...
Je lui proposais de l'amener plus loin, réduisant sa marche de quelques kilomètres sur la route qui le menait à Bordeaux... et parce qu'il faisait beau (on était au printemps), parce que j'étais d'humeur joviale, parce qu'il paraissait exténué et sans idée très précise sur l'endroit où il se rendait, je lui proposais un marché : une douche, un magret de canard grillé et quelques pommes sautées au four et en échange il devait me raconter son chemin...
Lorsque nous somme arrivés au Village, mon village, il n'en cru pas ses yeux, ils portaient le même nom. Il prit ça comme un signe... et son récit dura six mois... c'était la saison des asperges, on avait besoin de main-d'oeuvre, on trouva à le loger avec les saisonniers...
Lorsqu'il reprit la route quelques mois plus tard, il avait une idée très précise de l'endroit où il se rendait. Après plus de deux ans d'errance, il partait retrouver sa famille, du côté de Lyon... Mais il savait aussi qu'il en avait trouvé une autre dans le Sud-Ouest.