Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Campo Stellae (Le champ des Etoiles)
  • : Je suis Pèlerine et Citoyenne d'un monde que je parcours en tous sens depuis des années. Par mes récits, croquis ou aquarelles, fictions, photos, carnets de voyages, je laisse ici quelques traces des mondes réels ou imaginaires que je traverse...
  • Contact

Vers Compostelle

Pour tout savoir sur
le Chemin de COMPOSTELLE,
cliquez sur le bouton :

 

 



pour suivre mon cheminement,
par le "CAMINO FRANCES" 
jour après jour,
choisissez les étapes
dans la liste ci-dessous :

Le 1er jour :
Monfort/Habas
Le 2ème jour :
Habas/Sauveterre
Le 3ème jour :
Sauveterre/ Saint-Palais
Le 4ème jour :
Saint-Palais/Ostabat
Le 5ème jour :
Ostabat
Le 6ème jour :
Ostabat/Bussunarits
Le 7ème jour :
Bussunarits/St-J-Pied-de-Port
Le 8ème jour :
St-Jean-Pied-de-Port/Hunto
Le 9ème jour :
Hunto/Roncevaux
Le10ème :
Roncesvalles/Viscaret
Le 11ème jour :
Viscaret/Zubiri
Le 12ème jour :
Zubiri/Pamplona
Le 13ème jour :
Pamplona/Uterga
Le 14ème jour :
Uterga/Lorca
Le 15ème jour :
Lorca/Estella
Le 16ème jour :
Estella/Villamayor
Le 17ème jour :
Villamayor/Los Arcos
Le 18ème jour :
Los Arcos/Viana
Le 19ème jour :
Viana/Navarrete
Le 20ème jour :
Navarrete/Najera
Le 21ème jour :
Najera/Santo Domingo
Le 22ème jour :
Santo Domingo/Belorado
Le 23ème jour :
Belorado/S-Juan-de-Ortega
Le 24ème jour :
S-Juan-de-Ortega/Burgos
Le 25ème jour :
Burgos/Hornillos
Le 26ème jour :
Hornillos/Castrojeriz
Le 27ème jour :
Castrojeriz/Boadilla
Le 28ème jour :
Boadilla/Carrion
Le 29ème jour :
Carrion/Calzadilla de la C.
Le 30ème jour :
Calzadilla/Sahagun
Le 31ème jour :
Sahagun/Calzadilla de los H.
Le 32ème jour :
Calzadilla/Mansillas
Le 33ème jour :
Mansillas/Leon
Le 34ème jour :
Leon/Villar de Mazarife
Le 35ème jour :
Villar de M./Hospital de Orbigo
Le 36ème jour :
Hospital de Orbigo
Le 37ème jour :
Hospital de Orbigo/Astorga
Le 38ème jour :
Astorga/Rabanal
Le 39ème jour :
Rabanal/Riego de Ambros
Le 40ème jour :
Riego/Cacabellos
Le 41ème jour :
Cacabellos/Vega de Valcarce
Le 42ème jour :
Vega/Hospital da Condesa
Le 43ème jour :
Hospital da Condesa/Triacastela
Le 44ème jour :
Triacastela/Sarria
Le 45ème jour :
Sarria/Portomarin
Le 46ème jour :
Portomarin/Palas de Rei
Le 47ème jour :
Palas de Rei/Ribadiso de Baixa
Le 48ème jour :
Ribadiso de Baixa/Santa Irene
Le 49ème jour :
Santa Irene/Santiago
Le 49ème jour (suite) :
Santiago de Compostelle
Le 50ème jour :
SANTIAGO DE COMPOSTELLA
Le 51ème jour :
Santiago/Negrera
Le 52ème jour :
Negrera/Olveiroa
Le 53ème jour :
Olveiroa/Finisterra

 

Et vous ?? d'où venez-vous ??

 

Locations of visitors to this page

 
Vers Compostelle
par la voie d'Arles
 

(récit à venir...) 

Vers Compostelle
par le "CAMINO DEL NORTE"

 (récit à venir...)  


Découvrez Dominique Bouvier!

Recherche

Les Mousquetaires de l'Art

Archives

23 mars 2005 3 23 /03 /mars /2005 16:04

("Nocturne" - aquarelle Martine Réau-Gensollen)

 

Nocturne...

 

 

Parfois on prend sa plume, une feuille blanche, et la main court sur le papier, le noircit sans effort... l'inspiration fait son oeuvre...

 

Ce jour là j'avais pris mon pinceau, l'avais trempé dans le lavis, barbouillé à grands traits d'une première couche de jaune de cadmium à peine rougi d'alizarine cramoisie,

 

puis j'avais, avant que le papier ne soit trop sec, fait un autre passage avec de l'outremer très dilué...

 

J'ai retourné mon pinceau, et avec le manche appuyé sur le papier encore humide,  j'ai tracé de grandes vagues, qui se sont révélées être des rochers, ou des buttes de terre ou de sable...

 

Puis avec le bout du pinceau, j'ai fait de longues griffures en arrachant au passage un peu de papier...

 

Un coton-tige à peine mouillé m'a aidée à découper la lune comme une tache de lumière dans la nuit...

 

Et ce paysage est né...

 

un peu malgré moi, sans que j'aie jamais vraiment eu la volonté de le créer...

 

 

Martine Réau-Gensollen

 

Je dédie cette "nocturne" à une amie du Web, mon homonyme, pour la couleur bleue, qu'elle préfère au vert, et pour la lune, qui, comme elle, pour ceux qu'elle aide et qu'elle aime, est une petite lumière dans la nuit...

Partager cet article
Repost0
23 mars 2005 3 23 /03 /mars /2005 00:50

Les jardins sont des petits paradis au Printemps, celui-ci est niché au creux de la forêt landaise, entre Léon et Linxe, sa propriétaire m'avait laissée y entrer pour prendre quelques croquis que j'ai ensuite colorés, au crayon aquarellable...

 

La pergola, croulant sous les roses

débouche sur le petit lac...

 

 

où les rhododendrons se mirent dans les eaux qu'enjambe le petit pont de bois, ... au premier plan, des arums sauvages...

 

 

... et tout au fond du parc, l'orangerie que l'on découvre, comme un cadeau final.

-------------------------------------------------------------------------------------------

 

"Mieux vaut respirer que de cueillir les roses, et les plus beaux jardins sont où l'on n'entre pas..."

 

(Fernand Gregh)

 

 

"Mieux vaut vivre enchaînée près de celui que l'on aime, que libre au milieu des jardins près de celui que l'on hait."

 

(Proverbe persan)

 

Partager cet article
Repost0
22 mars 2005 2 22 /03 /mars /2005 18:51

A la demande de mes (nombreux) fans... enfin, fans de ma cuisine surtout, j'ai décidé d'inaugurer aujourd'hui une nouvelle catégorie d'articles... pour les gourmands, les gourmets, les gourmettes...

et parce que :

"Il n'y a pas de bonne cuisine si au départ elle n'est pas faite par amitié pour celui ou celle à qui elle est destinée..."

(Paul Bocuse)

 

 

Ma première recette, ce sera un classique du genre... ce n'est pas une recette de saison puisqu'on la réalise plutôt, et surtout, en été, mais je vous la livre aujourd'hui pour que d'ici les beaux jours vous ayez le temps de vous entraîner... Si vous commencez dès cette semaine, nul doute que vous serez fin prêts pour la belle saison !!!

 

RECETTE DE "MA" PAELLA

 

 

C'est une vraie recette, mais son explication est à lire attentivement,... pour ne pas perdre le fil de l'histoire, qui vaut au moins autant que la recette elle-même...

 

Ingrédients :

 

 

pour 8 personnes.... hé oui, faut pas rêver... on ne fait pas de paëlla pour moins de 8 personnes... c'est un plat convivial, si vous n'avez pas le compte d'amis suffisant : piochez dans votre carnet d'adresses, il vous en faut 8 au minimum, ... si vous n'y arrivez pas prenez n'importe qui dans la rue... quand ils auront goûté votre (pardon, "ma") paëlla, ils deviendront vos amis...(et vous pourrez alors les rajouter dans votre carnet d’adresses…).

 

 

Donc je disais, ingrédients pour 8 personnes :

 

 

ah oui, j'allais oublier... d'abord il vous faut une paëlla (une poêle, du latin "patela"... vous voyez l'éthymologie... poêle, patela, paëlla, nous sommes bien des langues latines... oui je dis nous, parce que nous dans le Sud-Ouest on est juste à côté de l'Espagne même que parfois, et surtout quand on mange une paëlla, on sait plus si on est français ou espagnols...) je referme la parenthèse...

 

 

où en étais-je ?

 

 

ah oui... il vous faut une paëlla, une poêle adéquate et bien particulière, ronde, bien large, sans manche et avec deux poignées pour la poser sur la table (parce qu'on sert directement la paëlla sur la table...) si vous avez encore des doutes sur sa forme, regardez donc la photo...

 

 

C'est bon ? vous avez réussi à trouver 8 amis et une "paëlla" ? On y va...

 

 

 Mais, que vois-je, il est déjà midi ??? ah mais c'est pas tout ça, faut que je prépare mon repas.... une petit magret de canard grillé et quelques chanterelles aux petits lardons, trois fois rien... 

 

 

Alors pour la recette, il vous faudra revenir tout à l'heure : après déjeuner....

 

 

Bah… mais oui… ne vous inquiétez pas... je vais vous la donner ma recette de la paëlla... et puis  d'abord, ça se mérite !

 

 

 

----------------------------------------------------------------------------------------------------

 

 

Pensée profonde… avant de reprendre le fil de notre propos, et pour ceux qui auraient la mauvaise idée de s’impatienter, comme l’a dit un anonyme de ma connaissance :

 

 

« … En amour, comme en cuisine, ce qui est vite fait est mal fait !… »

 

 

----------------------------------------------------------------------------------------------------

 

 

Bien, vous avez votre poêle à deux anses et vos 8 amis (d’ailleurs je crois qu’ils ont la dalle depuis le temps qu’ils attendent… ne perdons plus de temps)… ça c’était le principal, et reprenons la liste de nos ingrédients :

 

 

 

 

 

Alors là  je me permets un petit aparté (entre nous), ce qu’il y a de bien dans la paëlla  c’est que c’est un peu comme dans l’auberge espagnole… normal me direz-vous, la paëlla aussi est espagnole … bref, ce qu’il y a de bien disais-je c’est que dans la paëlla on peut y mettre un peu de tout et de ce qu’on veut MAIS, attention !! il y a certains ingrédients obligatoires :

 

 

 

 

 

Les ingrédients obligatoires :

 

 

 

-  un vieux journal... 

 

 

 

- Le riz, pas n’importe lequel,  mais si vous n’avez que celui-là, ça ira… comptez un verre par personne ,

 

 

- Les tomates, vous avez déjà vu, vous, de la cuisine du sud sans tomates ??, comptez une tomate par personne,

 

 

- Les poivrons, à cause de la couleur, ben oui pour qu’un plat soit appétissant il faut qu’il ait de la couleur, vous choisirez donc des poivrons rouges ET des poivrons verts (et si vous en trouvez des jaunes, c’est encore mieux), donc 2 verts, 2 rouges et 2 jaunes, le compte est bon !

 

 

- Les haricots verts, frais et croquants, une bonne poignée

 

 

- Les petits pois frais aussi, un petit bol, on a toujours besoin de petits pois chez soi !…

 

 

- L’oignon et l’ail bien sûr (un gros oignon jaune fera l’affaire et quelques gousses d’ail bien frais),

 

 

- Du Safran, une petite quantité suffira, mais du bon, du vrai safran et pas autre chose que du safran (aucune autre poudre jaune ne vous donnera le goût suprême de cette merveille d’épice qu’est le safran).

 

 Pour tout savoir sur le safran cliquez sur le lien suivant :

 

 

 

http://stephkup.nexenservices.com/epices/affichage/affiche.php3?nom_espece=Safran

 

 

 

 

 

Les ingrédients au choix :

 

 

 

 

 

Comme je vous le disais plus haut, on peut y mettre de tout dans la paëlla, mais pas n’importe quoi, il faut choisir dans cette liste, et si on hésite, et bien on met un peu de  chaque !

 

 

 

 

 

Du poulet (un morceau par personne)

 

 

Du lapin (si l’on n’est ni marin ni superstitieux, ni adhérent à la SPL Société Protectrices des Lapins) sans les os…

 

 

Du porc ( coupé en cubes et plutôt dans le charnu, (je n’ai pas dit dans la partie charnue) pour plus de moêlleux),

 

 

Des langoustines (si c’est pour une paëlla « royale ») ou des grosses crevettes, ou des gambas,

 

 

Du chorizo (vous savez, du saucisson rouge qui pique), quelques rondelles par personnes

 

 

Des moules, bien fraîches et bien grattées et nettoyées comme des sous neufs (rien n’est plus désagréable que de trouver du sable sous la dent !)

 

 

Du poisson (plutôt du poisson qui se tient… lotte, cabillaud, congre…)

 

 

Et un dernier légume optionnel :

 

 

Des petits artichauts violets frais et croquants…

 

 

 

 

 

Voilà pour les ingrédients !

 

 

 

 

 

Maintenant passons à la manière d’accomoder tout ça !

 

 

 

 

 

Vous avez tous vos ingrédients, là devant vous (oui je sais vous avez aussi vos 8 amis qui ont toujours la dalle, là derrière… dites-leur donc d’aller jouer avec les enfants en attendant, ou bien servez-leur un petit pastis… parce qu’on est pas au bout de nos peines…)

 

 

 

 

Mais avant.... ah c'est que vous croyiez que ce serait facile... mais oui c'est facile, il faut juste le temps !

 

 

 

 

 

Mais avant… il faut quand même planter le décor... et oui c'est important le décor, c'est comme présenter un joli plat dans de jolies assiettes... là il faut le décor, parce que c'est évident qu'une paëlla pour 8 (mais j'ai bien dit que c'était un minimum.... moi je ne la fais jamais pour moins de 10 ou 12 personnes... !) ça se partage d'abord avec les yeux. Inutile d’immaginer la préparer à l’avance et la faire réchauffer au dernier moment… non non. Il faut que vos convives vous voient réaliser ce petit miracle... donc il faut de la place. Le meilleur endroit c'est bien sûr le jardin, la terrasse ou même le balcon, allez... au pire : une grande cuisine, mais il faut que tout le monde puisse y entrer et ne pas trop se serrer des coudes... vous voyez ce que je veux dire…. Bon, moi j'en reste au jardin... c’est tout de même l’idéal…

 

 

 

Et bien sûr, si ça se passe dans le jardin, il vous faut le trépied à gaz… oui le trépied, c’est-à-dire le « support à trois pieds » …(pour plus d’infos dans le dictionnaire, entre « trépidant » et « trépigner »… oui oui je les entends déjà trépigner d’impatience… mais ça vient ça vient…),  pour faire cuire  votre paëlla.. et évidemment, il vous faut aussi la bouteille de gaz….. pleine. Parce que,  je sais pas pour vous, mais chez moi c’est quand on en a besoin qu’on s’aperçoit… qu’elle est vide…. Et qu’on est dimanche !!!

 

 

 

Bref !  le décor est planté, on est dans le jardin, là, les invités sirotent leur pastis, il fait beau (en principe, c’est mieux) les oiseaux chantent, les gosses s’amusent avec le tuyau d’arrosage (Mmmm… je sens que ça va mal finir…), à partir de ce moment là… compter une bonne heure. Eh oui, vous avez intérêt à avoir préparé quelques plateaux d’amuse-gueules… Pour ma part, je confectionne des « tapas »… c’est bien dans la couleur locale, mais des vraies tapas, pas des trucs en boîte…. Oui oui, là je m’égare… La Recette des Tapas c’est pour la semaine prochaine…

 

 

 

Et donc, alors que vos invités sirotent gentiment leur pastis, et grignotent les fameuses tapas,  vous, vous cuisinez devant leurs yeux ébahis….

 

 

 

On y est :

 

 

 

Ah !…. j’allais oublier : la bouteille d’huile d’olive….

 

 

 

Ben justement, vous verser un filet d’huile d’olive au fond de votre poêle, oui oui, allez-y franchement, pas d’hésitation.  Vous coupez, en rondelles, après les avoir pelées bien sûr, une ou deux gousses d’ail…. C’est juste pour parfumer l’huile, dès qu’elles commencent à roussir, vous les enlevez… et là vous déposer les morceaux de poulet, de lapin et/ou de porc, et vous les faites dorer DOUCEMENT… j’ai bien dit doucement… et lorsque les morceaux sont tous bien dorés et presque complètement cuits, vous les réserver dans un grand saladier et vous prenez la peine de le recouvrir et de surveiller le chat !

 

 

 

Puis, vous épépinez les poivrons, les coupez en lanières, et les jetez dans la poële où frémit l’huile d’olive bien chaude et les sucs des viandes qui ont doré juste avant… les verts d’abord (les poivrons,  pas les verres de pastis), ils sont plus longs à cuire, puis les rouges et les jaunes…., vous ajoutez les oignons, remuez, laissez mijoter, puis lorsqu’ils commencent à devenir transparents, vous ajoutez les tomates coupées en quatre… laisser chanter encore un peu, (les tomates doivent presque caraméliser)... parce qu’une paëlla ça doit chanter (en espagnol de préférence !).. Vous sentez là les subtils parfums qui chatouillent vos narines ???

 

 

 

La viande est cuite, les légumes aussi, (j’ai pas dit les haricots verts ni les petits pois…. C’est pas encore le moment !!!), vous rajoutez le chorizo coupé en rondelles… pas trop fort le feu s’il vous plait… et vous retournez chaque rondelle pour quelles soient bien cuites des deux côtés (si si c ’est important) et là vous remettez la viande (poulet, lapin, porc…) et enrobez chaque morceau de jus et de légumes, doucement toujours et vous versez « en pluie » la totalité du riz (non.. non… laissez tomber le tuyau d’arrosage ! en pluie ça veut dire que vous laissez tomber vos poignées de riz au-dessus des légumes, dans la poêle) il faudra rajouter aussi un peu d’huile d’olive, il faut pas que ça accroche, vu ? Vous enrobez bien le riz (mais pas de bouillie… doucement en vous servant gentiment de la cuillère en bois…) et là il va falloir « arroser » (non.. non… toujours pas avec le tuyau d’arrosage !) avec le court-bouillon dans lequel vous aurez ébouillanté vos langoustines, crevettes ou gambas, que vous aurez filtré (le bouillon c’est de l’eau salée, avec un oignon, une feuille de laurier, une branche de thym, une gousse d’ail, un petit oignon piqué d’un clou de girofle, quelques grains de poivre, un jus de citron et un verre de vin blanc ou de vinaigre… mais le vin blanc c’est mieux…).

 

 

 

Juste avant d’arroser, faites dissoudre le safran dans le bouillon chaud, remuez bien pour que le bouillon colore le riz uniformément… c’est mieux. Et donc vous arrosez le riz avec le bouillon, à la louche, mais pas tout d’un coup, il faut y aller petit à petit, rajouter du bouillon quand le riz commence à gonfler (compter 20 à 30 mn en tout pour la cuisson du riz).

 

 

 

Dès que le riz commence à cuire, ajoutez les haricots verts (équeutés, lavés) et les petits pois (écossés) et répartissez bien tous les morceaux de viande (en les enfonçant un peu dans le riz) qui vont finir de cuire avec le reste….

 

 

 

Couvrez, juste le temps de cuire les haricots "al dente", puis enlevez le couvercle, ... la paëlla a besoin de respirer un peu ! Surveillez bien, rajouter un peu de bouillon si nécessaire, et parlez lui, la paëlla adore qu’on lui parle…

 

 

 

Cinq minutes avant la fin de la cuisson, plantez les moules (à l’envers, c’est-à-dire ouverture vers le haut) dans le riz, goûtez le riz (vous aurez aussi rajouté si besoin un peu de sel dans le bouillon de préférence !…)

 

… C’est prêt ???

 

 

 

Presque !

 

Enfin, vous disposez dessus les langoustines, crevettes ou gambas que vous aviez tenues au chaud....

 

et le journal pensez-vous ???

 

Si si, il sert à quelque chose dans la recette !

 

Une fois le feu éteint (impératif !!!) posez sur la paëlla plusieurs feuilles de papier journal… l’humidité passera à travers et assèchera un peu mieux votre paëlla qui n’en sera que plus moëlleuse !

 

 

 

Ben oui, c’est fini…

 

 

 

Allez, qui me sert un petit porto (moi j’aime pas le pastis…) ?

 

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

 

En forme de conclusion, je dirais bien, comme Madeleine Chapsal :

 

 

"Que veut une femme ? Etre aimée…

Pas pour sa cuisine ni son écriture : pour elle-même."

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 mars 2005 1 21 /03 /mars /2005 14:26
 

"La poésie ; c’est un des plus vrais, un des plus utiles surnoms de la vie."

 

 

 

(Jacques Prévert)

 

 

Aujourd'hui, journée de la poésie, chacun doit livrer aux regards des autres, un poème, un moment de poésie, comme un rayon de soleil supplémentaire dans ce monde de grisaille...

Je vous livre le mien, feuillet plié en quatre, retrouvé au détour d'une page de mon petit journal... Il n'a pas été écrit pour la circonstance, mais il pourrait l'avoir été car je crois que le rêve, l'amour et la poésie sont éternels, universels et indémodables...

 

AILLEURS

 

J'ai rêvé d'un ailleurs, inaccessible aux mièvres,

aux peureux, aux trop peu, aux vaincus, aux sans fièvre

qui vivent sans folies ou survivent sans rêves,

cimentés dans leur vie comme des arbres sans sève...

 

J'ai rêvé d'un ailleurs qui serait rouge et vert,

comme le sang qui bat, comme le fond des mers,

fécond de turbulences, aussi doux que l'enfer

des émotions fébriles et des coeurs à l'envers...

 

J'ai rêvé d'un ailleurs comme on rêve d'un fruit

pour étancher sa soif et redonner la vie,

comme on rêve d'amour pour apaiser l'envie

que font naîtrent les manques de toute une vie.

 

Ailleurs, ici ou là... plus loin, au bout du temps,

il y a quelque part un ailleurs qui m'attend

où la vie qui s'étire, lentement, nonchalante,

suffira à remplir mon espace, mon attente...

 

Un ailleurs idéal, un ailleurs fait pour moi

où mes traces de pas côtoieraient d'autres pas

sur le sable du temps, léché par le ressac

d'un tic-tac quotidien qui ne ferait plus loi...

 

Mais cet ailleurs, sans toi, serait beaucoup trop grand...

Je voudrais y aller,... je peux y renoncer

Si tu décides enfin de me laisser t'aimer

et voir dans ton regard le fond de l'océan.

 

Martine Réau-Gensollen

-------------------------------------------------------------------------------------------

Mon amie, Russalka a répondu à mon invitation d'écrire une poésie, et voici ce qu'elle m'envoie en réponse à mon poème, comme un écho....

 

Rêver d'ailleurs si doux
Que la peau des gazelles en donnerait idée.
Rêver de pays sages qui seraient gouvernés
Par des corneilles lentes et de savants hibous.

Il suffirait parfois de très, très peu de choses
Juste un petit déclic, un humble décalage
Pour goûter tout autant l'épine que ses roses
Et aimer le désert vide de ses mirages.

Rêver et communier avec le séquoia
Qui lance vers le ciel sa prière bleutée
Puis laisser s'écouler le temps entre les doigts
En contant tous les grains des heures étonnées.

J'ai l'impression d'être l'incandescence même
Chaque instant je me brûle, mais d'un feu si joyeux
Que même ton absence ou tes moments fiévreux
Ne m'empêcheront pas de te dire " je t'aime....."

La bulle qui me porte est celle de l'enfance
Elle gambade ici, elle buissonne là,
Au gré des vents amis remplis de l'indulgence
Que l'on a pour les fous ou les Esméraldas.

Du sang de mes ancêtres j'ai un naif amour
Des choses les plus simples et que l'on ne voit plus.
Le chant des fleurs qui poussent, l'air frais sur ma peau nue
L'oscillation troublante de la nuit et du jour.

J'aime croquer les mûres tout au long des chemins
Respirer la rivière et cajoler les bêtes
La Lune est mon amie, je me fais une fête
De chaque lendemain.

Mon Graal, je le cherche, sans jamais le trouver.
Peut-être est-il enfoui tout au fond de tes yeux ?
Toi que je ne connais ou ne fais que croiser,
Arrête-toi un peu.
Nous sommes au bord du vide.
Sauterons-nous tous deux?
C'est si joli, là-bas

Viviane Lamarlère (alias Russalka)

 

--------------------------------------------------------------------

 

J'aime ce qu'ils ont dit :

 

"La poésie c’est le chant intérieur."

 

(François René de Chateaubriand)

 

 

 

 

 

 

"Un enfant c’est le dernier poète d’un monde qui s’entête à vouloir devenir grand."

 

 

 

(Jacques Brel)

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
20 mars 2005 7 20 /03 /mars /2005 19:55

Aujourd'hui, c'est le Printemps ! ...

J'ai envie de couleurs,

d'une explosion de couleurs...

 

(collage "pour Marie-Gaëlle Nurtenson" - Martine Réau-Gensollen)

 

... au fond d'un tiroir j'ai retrouvé ce collage que j'avais fait pour illustrer l'exposition virtuelle de l'Artiste, Marie-Gaëlle Nurtenson... ceux qui la connaissent bien se souviendront !

-----------------------------------------------------------------------

"Le printemps est la saison où les garçons commencent à comprendre ce que les filles ont su tout l'hiver..."

(O. Henry)

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Couleurs toujours....

comme ces fleurs de frangipaniers qui fleurissaient dans mon jardin, à Dubaï

pour les scientifiques : "Adenium obesum" ou encore et plus poétiquement "Rose du désert"

-----------------------------------------------------------------------------------------------

Couleurs encore...

pour cette magnifique bougainvillée de la Villa Verdi à Windoek, admirée lors d'un récent voyage en Namibie

 

pour les puristes, on dit aussi "bougainvillier" et dans ce cas c'est un nom masculin...

-----------------------------------------------------------------------------------------------

"Le printemps c'est quand la neige fond et qu'elle repousse en gazon"

(Parole d'enfant)

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

et un peu de blanc, pour finir et reposer l'oeil, avec cette branche du bougainvillier que je cultivais avec amour dans mon jardin à Dubaï...

(photos Martine Réau-Gensollen - tous droits réservés)

 

allez ! le Printemps est bien là...

Partager cet article
Repost0
19 mars 2005 6 19 /03 /mars /2005 18:10
"Comme un bateau ivre,
mal ancré sur un fond instable,
Luanda hésite entre la lumière de l'Afrique
et les fonds glauques et vaseux d'un océan de
contradictions..."
 
 
 
("comme un bateau ivre" - croquis aquarellé Martine Réau-Gensollen)
 
 
Ce bateau, amarré dans le petit port de Corimba, au sud-ouest de Luanda (Angola), m'avait tout de suite accroché l'oeil parce que rouillé, la peinture écaillée, il semblait abandonné,... était balloté par les vagues comme une âme en peine. Il me donnait l'impression d'être vivant... Je pris une photo de lui, alors que le soir tombait...
 
Quelques temps plus tard, alors que je commençais mon "carnet de bord en Angola"... je retrouvais cette photo prise au coucher du soleil... et là l'association d'idées m'a paru évidente. Ce bateau balloté, abandonné en piteux état me semblait bien refléter le vrai visage de l'Angola... J'ai donc choisi d'en faire ma première page... et les quelques lignes qui l'accompagnent résument parfaitement ce que je ressens de l'âme de ce pays, malgré tout, attachant...
 
Plus tard encore, en relisant Rimbaud,  j'ai découvert qu'il avait écrit un poème qui reprend presque mot pour mot, le titre de mon carnet de bord... mais je vous jure que c'est une coïncidence... je ne connaissais pas ce poème... mais je vous l'offre en prime... il est très beau :
 
 
Le bateau ivre
 
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands et de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L'aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelques fois ce que l'homme a cru voir !
J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très-antiques
Les flots roulant au loin leurs frissonsde volets !
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J'ai suivi, des mois pleins, pareilles aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux des panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulement d'eau au milieu des bonacees,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés de punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instant.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombres aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...
Presque île, balottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabotteurs aux yeux blonds.
Et je voguais lorqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repéché la carcasse ivre d'eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient couler à coups de trique
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !
J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fond que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future vigueur ? -
Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesses, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leurs sillages aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons
 
Arthur Rimbaud
Partager cet article
Repost0
19 mars 2005 6 19 /03 /mars /2005 09:39

Tous les jours vous passez aux mêmes endroits, sans les voir, et puis un jour vous vous arrêtez, vous prenez votre temps, vous regardez, vous écoutez, vous sentez...  vous découvrez !

 

 Luanda : Etat des lieux

undefined 

MINUIT - MIDI

Angle Avenue Merien N’Guabi et Rua Commandante Dangeureux

 

 

Luanda –Dimanche 4 avril – MINUIT

 

Aujourd’hui j’ai pris le bateau et suis allée à Mussolo… J’ai eu beaucoup de mal à traverser la baie de Luanda : beaucoup de vent, une petite houle hachée qui m’obligeait à piloter serré, les embruns, le soleil, la fatigue… je me suis couchée de bonne heure.

 

C’est la musique qui m’a réveillée… Une musique incongrue à cette heure tardive. Je n’ai d’abord entendu que les basses qui semblaient faire vibrer les murs… Sans allumer la lumière, je suis sortie sur le balcon et, pieds nus, me suis acoudée au muret. Maintenant, du haut de mon promontoire, au 8ème étage, dans le noir complet, observatrice aveugle mais attentive, j’écoute la nuit.

 

Mariage, ou soirée privée ? La musique semble provenir d’une maison particulière, quelque part à 200 mètres à droite. Je n’entends plus seulement les basses, je crois même reconnaître la voix chaleureuse de Paulo Flores, je me laisse bercer par le rythme d’une salsa luso-africaine et me surprends à balancer en cadence. En Afrique la musique prend possession de vous, même contre votre gré.

 

J’habite la Résidence Impala, à l’angle de l’Avenida Merien Nguabi et de la Rua Commandante Dangeureux.  L’avenue, à double sens, est une des plus fréquentée de la ville. L’autre rue, perpendiculaire, n’était encore il y a quelques jours qu’une transversale de terre battue, aux énormes nids de poules, où s’entassaient en monticules infranchissables déchets, ordures et résidus de toutes sortes.

 

Il y a une semaine les bull-dozers sont arrivés. La rue a été débarrassée des immondices, carcasses de voiture, et autres canalisations oubliées et recouverte d’un goudron tout neuf. L’asphalte noir se détache dans la nuit, large bande sombre d’où émergent, en deux taches contrastées les vêtements blancs de deux jeunes gens enlacés sous le grand badamier.

 

Petit à petit mes yeux s’habituent à l’obscurité. Je commence à voir distinctement les silhouettes des immeubles qui se détachent alentour sur le ciel étoilé. Etrange comme les astres scintillent au-dessus de la ville. Je me souviens qu’en France il était impossible d’apercevoir la voie lactée sinon dans la nuit noire, à la campagne ou en montagne… Ici, entre les sempiternelles coupures d’électricité, les générateurs poussifs et les câbles arrachés, les lumières de la ville ne sont plus assez puissantes pour atténuer l’éclat des astres.

 

J’aperçois la croix du Sud, juste au-dessus de l’éclat rouge des néons de l’hôtel Alvalade qui me fait face. Tout autour de moi des silhouettes massives parmi lesquelles je distingue à droite la Résidence Motta et plus à droite encore celle de Palanca. Devant moi, en contrebas, l’orphelinat, sa petite école et les bâtiments de la communauté religieuse qui les abrite et je devine les masses sombres du jardin magnifique que les sœurs entretiennent avec beaucoup de soins et beaucoup d’eau. Les grands palmiers bercent leurs palmes sous la brise fraîche et légèrement humide qui nous parvient du large, d’au-delà d’Ilha.

 

De l’énorme albizia qui marque le carrefour des deux rues partent des pit-pit aigus et réguliers dont je sais qu’ils proviennent des nombreuses chauve-souris qui y ont trouvé refuge. Leur rythme syncopé fait écho à la musique, toujours présente, qui m’a tout à l’heure réveillée. A présent je reconnais la voix voluptueuse de Cesaria Evora et je la revois comme elle m’est apparue la première fois : visage inspiré, pieds nus sur la scène, un mouchoir à la main, elle souriait à Dieu, au public et à ses musiciens et trempait parfois ses lèvres dans un petit verre d’alcool posé là, comme par hasard, sur les baffles de la sono.

 

De « Mornas » en « Saudades », sa voix de miel et de rocailles fait l’écrin de ce moment nocturne volé à mon sommeil inutile… Que de temps perdu à dormir semble me dire la nuit.

 

Entre deux passages bruyants de voitures, j’entends les voix de quatre piétons qui descendent l’avenue et disparaissent au coin de la rue, happés par la nuit. Un autre marcheur nocture remonte l’avenue dans l’autre sens, vêtu de couleur sombre, il passe les deux mains dans ses cheveux d’un geste lent, est-ce pour lisser sa coiffure ou pour se décharger de trop de lassitude ? Je suis du regard sa lente progression… où habite-t-il ? Dans l’un de ces immeubles grisâtres et délabrés qui bordent l’avenue, dans l’une des maisons colorées, vestiges coloniaux d’une présence portugaise cinq fois séculaire, ou plus probablement dans l’un de ces abris de fortune dont la multiplication au cœur et à la périphérie de la cité forme ce que l’on appelle ici les musséqués ?

 

Cette nuit paisible et douce est étrange…Je rencontre peut-être là un aspect de Luanda qui m’avait encore échappé… Serait-ce l’heure de sagesse où la ville, plus calme et plus sereine m’offre, comme un cadeau gracieux, ces sensations douces et diffuses où l’on peut aller piocher quand le monde nous désespère… ?

 

 

 

Luanda – Lundi 5 avril – MIDI

 

Jour de la Réconciliation Nationale, aujourd’hui est un jour férié.

 

De mon balcon j’observe à nouveau la ville étrangement calme et les rues désertées…

 

Même décor, mais tout a changé. Le soleil a chassé la nuit et innonde la rue, les ombres nocturnes ont fait place aux couleurs de la vie. Mon regard est attiré par l’éclat mouvant d’un chemisier bleu porté par une femme qui traverse la rua Commandante Dangeureux. Elle porte sur sa tête une immense bassine de faïence émaillée remplie de bananes vertes. Sa jupe large flotte autour d’elle, elle est seule dans la rue mais se déplace comme si une foule la regardait, fière, simple et altière. Elle a l’air heureux.

 

J’entends, sur la droite, un groupe bruyant mais invisible, au-delà de Palanca dans le quartier de Maianga. Quelqu’un utilise un sifflet, comme pour accompagner un rythme….le bruit des voix s’accélère et s’amplifie, puis éclate sous une salve d’applaudissements.

 

Devant moi la cour de l’orphelinat est déserte, les jardins aussi, sauf cette ombre qui se glisse derrière le frangipanier, s’accroupit et profite de cette relative solitude pour déféquer à tous vents. Sous le couvert des arbres qui bordent la congrégation je ne vois que les tongues jaune vif d’une jeune femme qui passe à quelques mètres de l’homme accroupi, sans le voir.

 

Des immeubles dont les ombres imposantes occultaient la clarté de la nuit hier, on ne voit que les taches de couleurs du linge pendu aux fenêtres aujourd’hui. Dans les feuillages aussi le piaillement des oiseaux a remplacé le pit-pit des chauves-souris.

 

De l’Avenida Merien N’guabi débouchent deux femmes lourdement chargées. Elles marchent au milieu de la rue, déchargent soudain leurs fardeaux par terre et marquent une pause pour mieux les reprendre en main. Je remarque les sacs plastiques dans lesquels elles transportent leurs achats. Blancs à rayures bleues. C’est l’arrivage du mois. De Décembre à Janvier dans tous les commerces de Luanda les sacs plastiques étaient blancs puis en Février-Mars ils étaient bleus, depuis une semaine les sacs plastiques sont blancs à rayures bleues…peut-être seront-ils rouges ou bien verts le mois prochain ?

 

Mon regard se déporte encore vers Maianga : assis sur une chaise, à l’ombre d’un acacia le gardien de Motta dort bouche ouverte, sa mitraillette négligemment posée sur son avant-bras gauche, sa main droite posée l’index sur la gachette. A deux pas de lui, un chien jaune somnole dans la carcasse d’une voiture complètement désossée. Ni l’un ni l’autre ne semble perturbé par les cris d’excitation des jeunes joueurs de basket qui entament une partie effrénée dans la cour de l’immeuble. Quelques badauds ont grimpés sur la murette qui les sépare de la rue pour mieux suivre le match.

 

Entre le tas de goudron et le tas de sable oubliés après les travaux de restauration de la rue, un enfant endimanché étrenne ses chaussures neuves. Il marche comme sur des œufs, sans doute a-t-il reçu consigne de ne pas salir ses chaussures. Il erre, désoeuvré, d’un bout à l’autre de la rue, les bras ballands, le regard vague. D’autres enfants en short, torse et jambes nues, galopent et crient sur l’asphalte chaud où ils lancent et font tourner à l’aide de baguettes de bois, les cadres métalliques des roues de bicyclettes dont ils ont fait des cerceaux.

 

Je remarque, juste sous mon balcon, qu’une femme portant sur sa tête une énorme bassine de plastique rouge remplie de fruits de la passion, s’est baissée, posant un genou à terre pour se mettre à la hauteur des mains de sa cliente et lui permettre de choisir elle-même ses fruits. En repartant, elle ramasse une boite en plastique jaune, jetée par terre, lui trouvant sans doute un autre usage pour une autre vie…

 

Le soleil est maintenant au zénith et me renvoie dans l’ombre fraîche de mon appartement.

 

Fruits de cette observation tranquille et silencieuse quelques images s’imposent et se juxtaposent : celle de femmes toujours en mouvement, celle d’hommes jouant ou devisant nonchalamment, celle d’un pays de mixité culturelle féconde, celle d’un monde où le tragique et le dérisoire se cotoient et où cependant la vie s’écoule et se construit, différemment.

 

 

Martine

Pèlerine et Citoyenne du Monde

Partager cet article
Repost0
15 mars 2005 2 15 /03 /mars /2005 17:57

Si Cyrano de Bergerac vivait aujourd'hui, peut-être aurait-il l'apparence de Bernard...
(qu'Edmond Rostand me pardonne !)
 
 
Bernard Ceyrogeac
 
 
 
C'était il y a peu, tout juste quelques années, j'habitais place de l'Eglise, dans un petit village des bords de la Garonne et la maison de Monsieur Ceyrogeac jouxtait la mienne et formait l'angle de la rue des Ecoles et de la rue du Théâtre Royal.
 
Monsieur Ceyrogeac était mon plus proche voisin et la promiscuité de nos deux jardins n'était en rien gênante ; c'était un vrai plaisir d'entendre, chaque dimanche matin, sa voix tonitruante reprendre, avec un enthousiasme hebdomadier, les tirades les plus fameuses du théâtre classique, parfois avec emphase, parfois avec ironie, parfois avec une douceur étonnante, mais toujours avec justesse et talent.
 
Monsieur Ceyrogeac était un théâtreux, pas une star, pas un has-been, simplement un amoureux de la scène… un amoureux des beaux mots, qui, devant un parterre impromptu, ne ratait jamais le plaisir de faire s'envoler les mots ou jongler les belles phrases. Sa voix le servait à merveille, mais il était aussi, il faut bien le dire, un homme unique et inimitable.
 
Son visage, d'abord, rayonnait de bienveillance ; jamais larmoyeur, un sourire friponneau et permanent étirait sa bouche gourmande et une ironie coquine brillait au fond de ses yeux, bleu délavé, dans l'eau profonde desquels on percevait, en plus d'une indéniable intelligence, un humour incisif et peut-être aussi une once de nostalgie.
 
On eut voulu l'ignorer que c'eut été impossible, il déplaçait son enveloppe corporelle comme un cirque déplace son chapiteau : M. Bernard Ceyrogeac occupait tout l'espace. Monsieur Ceyrogeac était très imposant. A vrai dire, M. Ceyrogeac était obèse. Peut-être en souffrait-il mais en tous cas il paraissait n'en éprouver aucun complexe. Au contraire, quand il marchait il semblait pousser l'air devant lui, se frayer un chemin comme un brise-glace fracasse la banquise.
 
Un souvenir jaillit soudain de ce passé récent et eu égard à l'endroit où je me trouve maintenant, je me retiens de rire franchement. L'incident est probablement encore dans toutes les mémoires de ceux qui sont venus l'honorer aujourd'hui...
 
Réunis par la douceur de ce début d'été, nous étions quelques-uns assis sous les platanes qui rendent encore plus conviviales les soirées estivales de certains villages du Sud-Ouest. Nous parlions comme il se doit de la pluie et du beau temps et comme à son habitude, M. Ceyrogeac participait avec brio à cette conversation sans prétention où nous goûtions ses mots, simplement, pour le plaisir.
 
De façon très brutale, trois ruffians éméchés s'imposèrent soudain dans cet échange léger, en lançant un perfide :
 
- Ta gueule grosse baleine !
 
Subséquemment, un silence interloqué fit place à l'harmonie communale. Mais tout aussi promptement, notre « hérault », en un geste ample et étrangement aérien se campa devant l'exacteur et pourfendant l'air avec un sabre imaginaire déclama de sa voix de stentor :
 
AHAHHH !
 
-         Ah non ! c'est trop faiblard jeun' gommeux de mes deux !
-         T ' aurais pu trousser ça, en deux mots : beaucoup mieux !.
-         Et, piètre crapoussin, en montrant ton talent,
-         Au lieu de dégoiser, le dire élégamment !
-         Comme pareillement :
 
Agressif :
 
         -     Moi, faquin, si j'avais un tel ventre
         -     J'exigerai illico qu'on me le dégonflasse !
 
Amical :
 
         -     Mais n'es-tu point gêné ainsi, dans ton aisance
         -     Par cette sympathique protubérance ?
 
Descriptif :
 
         -     C'est le Mont Blanc, c'est l'Everest, le K2
         -     Que dis-je ! Mais c'est le Kilimenjaro !.
 
Curieux :
 
         -     Et de quoi te sert donc cette prohéminence ?
         -     De phare, de radar, de perchoir à Jacquot ?
 
Gracieux :
 
         -     Vraiment faut-il aimer péronnelles et guenuches,
         -     Pour leur offrir ainsi un ballon de baudruche !
 
Truculent :
 
         -     Au moins si tu veux faire bonne chère et bombance,
         -     Te sens pas trop gêné d'agraver l'apparence !
 
Prévenant :
 
         -     Pour maintenir à flot une telle bedaine,
         -     Penses à utiliser une paire de bretelles
 
Tendre :
 
         -     Comme il doit être intéressant,
         -     D'y poser sa joue en dormant
 
Pédant :
 
         -    Tu dois être, nul doute, un fat ou un jocrisse,
         -    Pour te rengorger tant d'un éléphantiasis,
 
Cavalier :
 
         -    Seigneur de courte-botte
         -    Peux-tu voir seulement le fond de ta culotte ?
 
Emphatique :
 
         -     Quel vent ferait frémir une telle montagne
         -     Si ce n'est qu'une violente tramontane.
 
Dramatique :
 
         -      Cette odieuse charnure dispense de mise en scène !
 
Admiratif :
 
         -     Pour un restaurateur, Palsembleu quelle enseigne !.
 
Lyrique :
 
         -     Est-ce là un tonneau, serais-tu donc Bacchus ?
 
Naïf :
 
         -     Faut-il prendre un ticket pour en faire le tour ?
 
Respectueux :
 
         -     Munissons-nous d'un décamètre,
         -     Pour ce travail de géomètre ..
 
Campagnard :
 
         -     Où donc que t'as trouvé l'énorme potiron ?
         -     Qui te sert de plastron, ma foi l'est ben giron ..
 
Militaire :
 
         -     Canoniers : à vos pièces !
 
Pratique :
 
         -     En dormant sur le ventre t'économiseras
         -     L'achat trop onéreux d'un excellent mat'las !
 
AhAhhhhhhhhh !
 
Et dans un ultime trémolo, Bernard Ceyrogeac battit l'air de ses grands bras, laissant cois les mastards médusés et son public esbaudi et conquis par deux fois.
 
Ce sont les mêmes, aujourd'hui, sous ce soleil d'automne, qui viennent saluer l'artiste au dernier acte de sa vie. Le cimetière se vide et curieusement certains sourient, comme si une fois encore sa présence tangible nous ramenait sous les platanes vers lesquels nous nous dirigeons machinalement.
 
Je me retourne vers la maison que j'habitais encore il y a moins de 10 ans. Des géraniums lierres roses croulent en flots abondants par dessus la rambarde du balcon. L'air est aussi doux qu'autrefois, je m'amuse à écouter chanter l'accent que j'ai quitté pour d'autres rives lointaines.
 
C'est alors que j'aperçois cette dame superbe que j'avais remarquée plus tôt. Nos regards se croisant je m'avance vers elle.
 
Elle me dit aussitôt :
 
         - Je ne lui savais pas tant d'amis.
 
         -  vous le connaissiez aussi ?
 
         -  Oui nous étions amis !. Et son regard humide me dit bien d'autres choses encore...
 
         -   Enchantée de vous connaître, je m'appelle Christiane.
 
         - Christiane, oui je sais, il m'a parlé de vous, vous étiez son amie et sa voisine aussi.
 
Et elle ajoute :
 
         - Enchantée moi aussi, je m'appelle Roxane.
 
 
 
Martine Réau-Gensollen
Partager cet article
Repost0
13 mars 2005 7 13 /03 /mars /2005 20:17

... Vous est-il arrivé d'avoir l'impression de revivre tout à coup LE cauchemar qui avait hanté vos nuits d'enfants ??...

 

L'Hypogée des Dunes

 

1 - Les rives du Clain

J'habitais à cette époque dans la demeure familiale qui appartenait à mes grands-parents maternels, située Boulevard Aboville (rebaptisé plus tard rue du Petit Polygone) dans le quartier des Dunes. Ce quartier, construit sur les hauteurs de Poitiers, domine encore aujourd'hui les rives ombragées du Clain où j'appris à nager.  

 

 

La vie y était douce, du moins c'est une part de mon histoire dont je conserve de merveilleux souvenirs. Des souvenirs ensoleillés, des images d'étés torrides où nous allions rafraîchir nos corps en plongeant dans les eaux claires de cet affluent de la Vienne. Depuis la maison familiale située à 3 bons km de notre objectif, nous descendions par la rue des Dunes, ma soeur, mes deux plus jeunes frères et moi, jusqu'aux rives du Clain. Nous étions lourdement chargés : un panier contenant une bouteille de piquette, confectionnée par grand-père, du pain et des bananes, ou du raisin et quelques reines-claude du jardin, et surtout une chambre à air, mais pas n'importe laquelle, une chambre à air de camion. Elle était énorme, et nous devions la porter à trois. Ce n'était pas une mince affaire. tirant, poussant, suant, nous descendions vers le Pont-Neuf, puis il fallait bifurquer sur la gauche, longer les murs de l'asile de fous, et faire semblant de ne pas les entendre hurler derrière leurs fenêtres. J'avais terriblement peur que l'un d'entre eux, passant son bras au travers des barreaux, m'agrippe en passant  et me retienne … mais c'était un passage obligé pour aboutir au layon qui bordait la rivière et plonger enfin dans ses eaux fraîches ou se laisser porter, tous les quatre blottis dans l'énorme chambre à air, au gré du courant, jusqu'à l'écluse de chez Joutteau.

2 - La Pierre Levée et L'Hypogée

Pour éviter l'asile de fous, il y avait bien un autre chemin, mais il était encore  plus terrifiant, prononcer simplement son nom nous donnait des sueurs froides. Il fallait dans ce cas, prenant au nord et contournant le quartier de la « Pierre Levée » passer par l'Hypogée des Dunes..

Lorsqu'une ou deux fois par semaine ma mère m'envoyait chez le Père Léonard acheter quelques légumes, je devais passer devant l'Hypogée et pour peu que le temps fût gris, que le vent soufflât fort ou que quelque nappe de brume enveloppât l'endroit, les lieux devenaient parfaitement sinistres. A l'approche du grand portail de fer rouillé qui en marquait l'entrée, mon coeur se serrait, mes jambes flageolaient, mes mains devenaient moites et j'étais prise d'un vertige qui ne s'atténuait que lorsque, traversant la rue de la « Pierre Levée »,  je changeais de trottoir et m'éloignais en courant de cet endroit maudit. Il faut dire que ce lieu mythique était particulièrement impressionnant : de hauts cyprès centenaires bordaient l'allée centrale, occultant la moindre parcelle de lumière. L'allée s'enfonçait vers des profondeurs aussi terrifiantes qu'inexplorées et mes oreilles résonnaient des mises en garde impératives de ma mère, agrémentées par force détails concernant les us et coutumes attribués à ceux qui avaient enterré là leurs morts plus de mille ans auparavant. Le plus terrifiant était cette petite parcelle, à gauche de la chambre mortuaire, parsemée de pierres tombales de la grandeur d'un berceau de nouveau-né. On racontait que les restes funestes étaient ceux d'enfants qui avaient été enterrés là vivants. J'en rêvais la nuit et dans mes cauchemars se mêlaient les cris des fous de l'asile et les petits bras tendus, sortant des tombes minuscules et s'accrochant à mes vêtements sans que je puisse m'en défaire. Et cette image qui revenait sans cesse d’une fillette épouvantée qui traversait la rue en courant pour échapper aux bras tentaculaires… Cette fillette c’était moi… Je tentais dans mon rêve noir de lui insuffler assez de force pour s’enfuir… mais ses jambes, dans un effort dérisoire, refusaient d’avancer… l’angoisse était telle que je me réveillais en nage, une boule nerveuse m'obstruant la gorge, incapable de proférer un son… Mais lorsque, le calme revenu et la lumière du jour ayant chassé toutes les horreurs de la nuit, ma mère me demandait d’aller au potager du Père Léonard, et donc de passer devant l’hypogée, je n'aurais refusé pour rien au monde de m’y aventurer, car ce lieu fantastique m'attirait autant qu'il me terrorisait.

D'autant que je me souvienne, durant les quelques années où je vécus là-bas, je n'ai jamais trouvé assez de courage pour franchir le seuil de cette nécropole antique.

3 - La Vierge des Dunes

Je n'étais jamais revenue sur les lieux de cette partie de mon enfance. Notre séjour à Poitiers s'était terminé à la mort de mon grand-père. J'ai souvenir de nombreuses et tumultueuses discussions entre ma mère et ma grand-mère, qui, finalement voulu rester seule dans la grande maison, et qui petit à petit dilapida ses biens en les distribuants autour d'elle contre de menus services. A sa mort il ne restait plus rien des 8 appartements qu'elle possédait à Ligugé et dont les loyers représentaient la base de ses revenus personnels, il ne restait rien non plus de l'immense propriété des Dunes, vendue pour une bouchée de pain à des promoteurs immobiliers. Je n'avais plus aucune raison de revenir dans la région, j'avais seulement un pincement au coeur lorsque d'aventure, entre le Sud-Ouest où je me suis installée et la Normandie où j'ai quelques parents, je passais parfois sur l'autoroute et apercevais au loin les hauteurs de Poitiers.

Ce fut donc par un hasard providentiel que je me retrouvai, quelques années plus tard, assistant à un séminaire informatique organisé pendant 3 jours par mon entreprise, sur le site du Futuroscope. Une demi-journée de liberté nous avait été octroyée pour nous permettre un peu de détente. Je décidai de revenir sur les traces de mon enfance. Retrouver le quartier ne fut pas difficile. Surplombant la ville, le promontoir des Dunes bénéficiait toujours d'un point d'appel bien visible. La Vierge des Dunes étendant sa main bienveillante sur la ville du haut de ses 18 mètres  Un peu d'appréhension me vint lorsque j'abordai le dernier virage et entrai dans le quartier des Dunes. Je reperrai très vite l'emplacement de la maison d'autrefois, occupée par une bâtisse sans âme, mais remarquai que le perron en pierres de taille qui faisait la fierté de mon grand-père, avait été conservé et restauré. Cela donnait un air prétentieux à la nouvelle construction. Le portail et les murs de la propriété avaient disparu,  et du magnifique terrain de jeux que représentaient les 2 hectares de fruitiers d'antan, il ne restait que quelques centaines de m2 bitumés, flanqués de 3 immeubles sans originalité. Je fus surprise malgré tout de constater que l'emplacement de l'ancien puit était encore visible malgré la couche de bitume. On y voyait encore nettement le cercle de la margelle.  La mort dans l'âme je regrettai déjà d'être venue ici enterrer mes souvenirs. Ceux que j'avais gardés dans mon coeur étaient tellement plus beaux… Mais la journée était belle, le ciel était bleu, je décidai donc de poursuivre ma ballade sans but précis.  

4 - Le tombeau de Mellebaude

Laissant la voiture de location près du terrain de sport de la nouvelle gendarmerie, je partis à pieds, reprenant, machinalement le chemin qui conduisait chez Léonard. J'avais une impression curieuse, comme si tout était disproportionné ou comme si soudain j'étais devenue « Gulliver » dans un monde de Lilliputiens. Impression que l'on a probablement lorsqu'on revient dans un endroit où l’on a vécu enfant.

Sans m'en rendre compte, je me retrouvai tout à coup devant l'Hypogée et ne pus m'empêcher de rire. Mes terreurs enfantines étaient bien loin. La journée était magnifique, le soleil me chauffait doucement les épaules, l'air était parfumé des odeurs de mon enfance, je franchis d'un pas décidé l'entrée de ce qui semblait être devenu un chantier archéologique. Cela me fut confirmé par la pancarte fichée au bord d'un trou de fouille qui indiquait que ces travaux étaient entrepris par l' « European Science Fondation » dans le cadre d'un programme de recherche européen. J'appris ainsi que cette sépulture souterraine avait été découverte en 1878 par le père Camille de la Croix et que construite à l'origine (au 7ème siècle) pour abriter le tombeau d'un abbé nommé Mellebaude, elle représentait aujourd'hui, monument unique en Europe,  l'un des plus anciens joyaux de l'art du Haut-Moyen-Age. Négligeant d'autres panneaux qui interdisaient l'accès du chantier, je m'engageai alors dans l'allée bordée de cyprès qui avait tellement impressionné mon enfance.  

5 - Les sarcophages 

 

L'allée n'était pas si longue qu'elle m'avait semblé à l'époque, mais étrangement, après avoir franchi quelques mètres,  je fus surprise par le silence soudain qui prit possession de l'espace.

Je me retournai, j'apercevais encore, entre les arbres, le soleil toujours présent, mais une sourde angoisse venait brutalement de me saisir. Je secouai la tête en tentant un rire qui s'étrangla dans ma gorge. Néanmoins je continuai d'avancer vers l entrée de la nécropole. Celle-ci avait été dégagée par les récents travaux, et l'accès en était facilité par une grosse corde tendue, à usage de rampe, qui s'enfonçait dans la pénombre. Je descendis crânement les quelques marches accueillantes et sentis revenir mon assurance. J'entrai dans une sorte de pièce concave, assez grande, dont le sol semblait avoir été balayé, et où, dans une sorte de niche creusée dans la paroi je trouvai des bougies et une boîte d'allumettes. Rassurée par ces traces de vie bien réelles, je pris une bougie, l'allumai, en fit couler quelques gouttes sur une pierre plate et fixai la bougie sur la pierre afin de regarder un peu mieux l'endroit où je me trouvais maintenant. La pièce était en effet assez vaste, et les murs et plafond étaient recouverts d'inscriptions que je n'arrivais pas à déchiffrer clairement mais où revenait plusieurs fois le nom de Mellebaude. A la lumière vacillante de mon bougeoir improvisé je pénétrai plus avant dans la salle. Tout au fond deux couloirs partaient à l'horizontale et sur ma gauche, un escalier descendait sans doute vers une autre salle. Je pris l'escalier et quelques marches plus bas découvris en effet une sorte de salle circulaire dans les parois de laquelle des niches de tailles plus importantes avaient été creusées. Au bout de cette chambre mortuaire se découpait dans le calcaire une issue près de laquelle une énorme pierre taillée à angles droits semblait monter la garde. Je m'avançai encore en tenant haut ma bougie et aperçus une salle identique à la précédente mais cette fois-ci les cavités semblaient contenir quelque chose. Je m'approchai, mue par la curiosité et vis distinctement des sortes de sarcophages. La salle elle-même était décorée de magnifiques fresques murales représentant, autant que je pus le distinguer à la pâle clarté de ma bougie, des monstres marins, d'énormes serpents, des figures à l'allure humaine et des personnages ailés, peut-être des anges. Le tout paraissait intact, comme si les cercueils avaient été placés là la veille.

J'en avais vu assez pour exorciser les peurs de mon enfance et décidai de quitter l'endroit (qui somme toute n'était pas plus effrayant qu'une chapelle) et de rejoindre la surface où la douce chaleur du soleil commençait à me manquer.  

Alors que je faisais demi-tour pour rejoindre le niveau supérieur, je ressentis comme un malaise. Absorbée par la contemplation des fresques, je n'avais pas vu que les couvercles des sarcophages avaient glissé doucement, que des ombres rampant vers le sol en étaient sorties, qu'elles parvenaient maintenant à ma hauteur. Simultanément, ma bougie s'éteignit. Poussant un hurlement de terreur  je me ruai en direction de l'issue taillée dans le calcaire, sentis le souffle de l'énorme pierre qui retombat bruyamment derrière moi. Faisant appel à toute ma volonté pour me diriger dans le noir j'arrivai au pied du deuxième escalier. La terreur qui me dominait ralentissait mes gestes, comme dans un rêve où faire un pas en avant demande une énergie démesurée. Je grimpai tant bien que mal, m'aidant de mes mains qui tremblaient, de mes genoux qui défaillaient, j'arrivai dans la première salle, celle des bougies et découvrai alors l'inconcevable.  La salle brillait d'une étrange clarté, mais aucune issue ne donnait plus sur l'extérieur. Seuls les deux couloirs  aperçus initialement étaient toujours là et une sourde rumeur montait à mes oreilles… les inscriptions gravées dans la pierre semblaient battre le tempo, elles ondulaient en vagues irrégulières et j'entendis distinctement scander ces mots, MEL - LE - BAUDE, MEL – LE - BAUDE,.. Je n'eus pas d'autre choix dans ma fuite que de poursuivre en m'engoufrant dans le premier couloir qui s'ouvrait à moi. J'entendis mes poursuivants, rampant, chuintant, sifflant, grondant, je sentis confusément, des frôlements, des grincements, des ricanements, ma raison vacillat. Lorsque je sentis le sol se dérober sous mes pieds, je le vécu presque comme une délivrance. J'avais le souffle court, je ne pouvais plus courir, j'étais à bout de force, et je me laissai tomber sans plus lutter. 

 

6 - Epilogue… J'ai repris connaissance il y a quelques minutes, j'ai revécu comme dans un cauchemar les évènements qui m'ont amenée ici. J'y vois à peine et le peu de lumière qui arrive jusqu'à moi semble provenir, très haut au-dessus de ma tête, d'un espace étroit d'où j'aperçois le ciel. Aucun bruit alentour. Réfléchir. Je bouge avec difficulté. Tous mes membres sont douloureux. Si je pouvais atteindre cette ouverture …

Le jour décline. Vient la nuit. Puis le jour suivant, la nuit, le jour. Depuis combien de temps suis-je ici ?

Durant toutes ces heures j'ai laborieusement creusé, avec mes ongles, des entailles dans le calcaire tendre, me rapprochant de l'ouverture. J'en suis à un mètre. Je m'arqueboute pour ne pas être entraînée à nouveau vers le bas. Je sors une main par l'ouverture et tente de l'agrandir en poussant de toutes les pauvres forces qu'il me reste ce qui semble l'obstruer. La pierre résiste. Je passe un bras, m'accroche au bord extérieur, pousse de l'autre autant que mes dernières forces me le permettent. La pierre ne bouge pas. Dans un effort surhumain je pousse avec mes pieds contre la paroi, le bras tétanisé accroché à ce qui semble être une vasque de pierre, mon visage progresse de quelques centimètres vers la lumière. Je vois le ciel, les arbres, je n'ai que le temps d'apercevoir et de reconnaître, tout près,  le regard terrorisé d'une fillette aux boucles blondes qui change de trottoir et traverse la rue en courant, avant de retomber dans le néant.

Martine Réau-Gensollen

 

précisions de l'auteur : l'Hypogée des Dunes n'est pas un endroit fictif, il existe bel et bien... si vous voulez plus d'informations, cliquez sur ce lien, ou trouvez-en d'autres sur le web...

 

http://www.musees-poitiers.org/

ou encore :

 

http://www.encyclopedie-universelle.com/hypog%E9e%20des%20Dunes.html

Partager cet article
Repost0
11 mars 2005 5 11 /03 /mars /2005 16:18

Surprise(s) au bord du Lac Victoria

J'ai un petit problème... J'ai commencé à écrire un article, très sérieux, inspiré par le récent documentaire "Le cauchemard de Darwin".... mais voilà ma chatte ne veut pas me le rendre... il vous faudra donc attendre un peu pour la publication sur ce blog, de mon commentaire "coup de gueule" sur l'éclairage récent d'une situation qui perdure tout de même depuis près de cinquante ans sur les rives du Lac Victoria....

mais j'y pense : n'est-ce pas parce que je parle de la Perche du Nil que ma chatte refuse de me rendre mon bloc ??

une autre illustration "du chat et de la souris"

Bon, puisqu'elle insiste, je vous présente "Yasmine" (mon chat en fait est une chatte...) c'est une orientale, née à Dubaï, et rapportée un jour dans une boîte à chaussures par une de mes filles. Celle-ci ne supportait plus de voir les enfants de l'école martyriser ce petit chaton qui avait trouvé refuge dans sa classe....

C'est vrai qu'elle était mignonne lorsqu'elle s'est installée à la maison....

vous ne trouvez-pas ??

Bon, pour en revenir à mon article sur la Perche du Nil et le Lac Victoria... rendez-vous à plus tard, promis....

 

Partager cet article
Repost0